La décision difficile d’identifier le nombre de nouveaux immigrants à accueillir au Canada est façonnée par six facteurs principaux, mais un facteur prévaut surtout.
L’annonce du Plan des niveaux d’immigration 2020-2022 du Canada suscitera de nombreuses discussions. La discussion portera sur des questions telles que le nombre d’immigrants que le Canada accueillera, les catégories auxquelles ils appartiendront et la question de savoir si le Canada a la capacité d’intégrer ces nouveaux arrivants dans son économie et sa société.
Toutes ces questions sont importantes et méritent beaucoup de discussions et de débats. Mais on ne parle généralement pas beaucoup de ce qui sert à déterminer les niveaux d’immigration.
La décision difficile d’identifier le nombre de nouveaux arrivants que le Canada accueillera chaque année dépend de six facteurs principaux:
- Démographie et économie
- Objectifs politiques du Canada
- Circonstances mondiales
- Capacité d’intégration du Canada
- Capacité de traitement du Canada
- Politique
Démographie et économie
L’accueil des immigrants au Canada est une nécessité économique en raison de la situation démographique du pays. Le Canada a l’une des populations les plus anciennes du monde et l’un des taux de natalité les plus bas du monde. Par conséquent, le Canada doit accueillir des immigrants pour favoriser la croissance démographique et de la population active, ce qui est absolument essentiel pour soutenir la croissance économique.
D’autres pays n’ont peut-être pas besoin d’immigrants parce qu’ils ont une population plus jeune et des taux de natalité plus élevés, mais le Canada, en revanche, verrait son niveau de vie élevé en pâtir en l’absence d’immigration.
Objectifs politiques
Le Canada accueille les immigrants pour trois raisons principales: faire croître son économie, réunir des familles et aider les réfugiés. Par conséquent, les niveaux d’immigration sont toujours déterminés en fonction de ces objectifs, et en fait, le Canada met tout en œuvre pour les atteindre, car il accueille chaque année quelque 40% de ses immigrants dans les catégories de la famille et des réfugiés.
Circonstances mondiales
La question de savoir comment le Canada devrait réagir aux circonstances mondiales est liée au facteur précédent. En évaluant ses politiques de classe économique, le Canada doit s’assurer qu’il y a suffisamment de demande mondiale d’immigrants potentiels pour vouloir s’installer au Canada. De plus, en tant que membre de la communauté internationale, le Canada a l’obligation d’aider en cas de crise humanitaire.
Cela pourrait amener le Canada à prendre des mesures à court terme pour ajuster ses niveaux d’immigration et les catégories d’immigrants. Plus récemment, cela s’est produit lorsque le Canada a décidé d’augmenter ses niveaux et l’accueil de réfugiés en 2015-2016, lorsque le gouvernement a choisi d’accueillir davantage de réfugiés syriens.
Capacité d’intégration du Canada
Le gouvernement fédéral doit être convaincu que les conditions économiques du pays sont suffisamment solides pour que les nouveaux arrivants puissent s’intégrer au marché du travail. En outre, il doit veiller à ce que des ressources soient en place à l’échelle nationale, telles que des soutiens adéquats à l’établissement des immigrants (par exemple, formation linguistique et professionnelle), des logements abordables, des services de santé et des transports publics qui peuvent aider à soutenir une population plus importante.
Capacité de traitement du Canada
Étant donné que la demande mondiale pour déménager au Canada dépasse de loin l’offre du pays en matière d’immigration, le gouvernement fédéral doit être conscient de sa capacité à traiter les demandes d’immigration le plus rapidement possible. Même si le pays souhaitait accueillir des niveaux d’immigration plus élevés, il n’avait peut-être pas encore la capacité de traitement en place pour le faire.
Le Canada a amélioré sa capacité de traitement au cours des dernières années en mettant en œuvre le système de gestion des demandes d’Entrée express, mais il traite toujours de nombreuses demandes d’immigration sur papier, ce qui est plus lent et nécessite d’importantes ressources humaines.
La politique: le facteur le plus influent
Au bout du compte, le niveau d’immigration choisi par le gouvernement est une décision politique.
Quelle que soit la justification économique ou l’opinion du public, le gouvernement en place choisit principalement les niveaux d’immigration en fonction de la façon dont il estime que la décision peut avoir un impact sur les élections à venir.
Cela signifie que les niveaux d’immigration peuvent être maintenus bas, même pendant les périodes où le Canada a besoin de plus d’immigrants. Cela se passe actuellement au Québec (qui est la seule province ou territoire au Canada qui peut contrôler ses niveaux d’immigration). Le Québec a besoin d’une immigration beaucoup plus élevée, mais son gouvernement actuel a décidé qu’il est dans son intérêt politique de maintenir le niveau d’apport de la province à un niveau bas.
De même, le gouvernement fédéral actuel pourrait peut-être justifier une augmentation plus rapide des niveaux du Canada, étant donné le faible taux de chômage du pays en ce moment. Cependant, ils peuvent avoir pris la décision d’augmenter lentement les niveaux pour éviter potentiellement une réaction négative du public.
De ces six facteurs, la politique est sans aucun doute le plus influent pour déterminer l’orientation de l’immigration que le Canada choisit de prendre.